Figure tutélaire de la « Verrerie d’en Haut » et de son Centre de Mémoire, René Diverchy s’est confié à nous pour quelques souvenirs et des anecdotes qui apportent un autre éclairage sur ce magnifique lieu de tourisme industriel.

L’histoire d’un destin écrit

« Une grande partie de ma vie, personnelle et professionnelle s’est passée autour du verre, autour d’Aniche, cela a donc été pour moi comme une évidence de prendre la « direction amicale » de l’association du Centre de mémoire de la Verrerie en 2008.

« Tout ce que vous voyez ici, les expositions, les machines, les reconstitutions, on a tout fait, avec mes amis de l’association, de A à Z. ». Difficile d’imaginer un tel chantier ! Et pourtant ! René nous raconte l’histoire…son histoire, avec passion et regard pétillant.

« Je suis né à quelques dizaines de mètres d’ici, dans la rue située derrière ». Gamin, je jouais avec mes copains sur les terrils de la Verrerie, le Mont Blanc, le Mont Rouge, le Mont Noir … Blanc pour les résidus de sable à polir, rouge pour les restes d’oxyde de fer et noir pour le charbon. La vie était « Verrerie », toute la vie : la messe du dimanche de 8 heures sonnantes à la chapelle construite par Madame Drion, l’épouse du patron, pour remercier le Seigneur d’avoir épargné ses fils durant la guerre. Il ne fallait pas manquer la cérémonie ni arriver en retard, sinon… !! Enfant, j’ai connu ici la messe comme l’Ecole Communale où j’ai usé mes fonds de culotte.

C’est donc tout naturellement que j’ai été « embauché » à la Verrerie. J’étais encore « minot et, comme je n’étais pas mauvais en calcul, je suis entré au service de la paie. On payait les ouvriers en espèces et je me souviens que, en 1968, les banques d’Aniche étaient fermées. Alors on a pris la 2 CV et on est parti à Douai pour sortir des billets, les cacher dans un sac en toile de jute, les planquer dans le coffre et revenir ici… On n’en menait pas large ! »

Les histoires se suivent et ne se ressemblent jamais. René est aussi bavard que passionnant…

De Saint-Gobain au Centre de Mémoire de la Verrerie : la naissance d’un lieu passionnant

« Ensuite, j’ai fait toute ma carrière à Saint-Gobain, jusqu’à devenir Directeur Financier puis Directeur de site. Alors, quand j’ai pris ma retraite en 2008, j’ai poursuivi l’aventure ici, au Centre de Mémoire. À partir de 1978 et grâce à Monsieur Orsini, plus rien n’a été jeté, ni archive ni machine ni accessoire. Mais tout était stocké dans un ancien bâtiment des souffleurs qui allait être détruit en 2004. On a négocié avec Saint-Gobain pour que nous soit prêtée cette ancienne Centrale Électrique qui nous accueille aujourd’hui.

À partir de 2009, on a commencé à aménager, à construire, à peindre, à décorer… Le chantier a été immense, titanesque. Imaginez la « Micheline » qui est en bas ou les creusets et les fours ! Essayez de compter le nombre d’objets, d’accessoires, d’outils… On ne sait même plus nous-mêmes combien on en a sauvé pour faire l’estaminet, l’atelier, la Coopérative …

Saint-Gobain nous accueille dans la centrale électrique et paie notre électricité. Sinon, on se débrouille de tout, avec nos petites finances à nous. Pas de subventions, pas d’aides. Juste de la passion et du système D. »

Nous sommes restés 4 heures, mais nous aurions pu rester plus longtemps pour tout voir, pour tout entendre… Et nous sommes enfin repartis. Avec des livres, des souvenirs, des histoires et surtout, surtout, une admiration profonde pour ce travail de mémoire et de passion…
À bientôt, René… !