Qui aurait pensé que les cités minières deviendraient un jour des lieux de visites ? Aujourd’hui proposées en visite guidées ou en circuits touristiques par l’Office de tourisme de Cœur d’Ostrevent, leur destin n’était pourtant pas écrit d’avance. Petit retour en arrière sur 50 ans de politique urbaine et d’un travail de fourmi associant les habitants, les collectivités et les bailleurs sociaux.

Des cités pensées pour le travail

Si ces cités ont été pensées et construites, à l’époque, avec cette recherche de particularisme propre à chaque Compagnie minière, elles ont cependant d’abord été des lieux d’habitation situés au plus près de la mine pour concentrer les forces vives et « maximiser » la productivité.

Dans les années 70, quand les bailleurs sociaux reprennent le parc des Charbonnages de France, il n’est rien de dire que les conditions de vie y étaient plutôt … « variables ». Les politiques de réhabilitation commencent alors en mettant juste aux normes ces habitations anciennes.

Le renouveau des cités minières

Puis, dans les années 2000, la Mission Bassin Minier prépare son inscription à l’UNESCO et engage un travail de fond et de fourmi pour inventorier les 563 cités de son périmètre, avec un objectif affirmé : Au-delà des séquelles d’après la mine, quels sont les bénéfices à valoriser de cet héritage ? S’engage alors un formidable travail, déjà initié par des historiens et des architectes comme Yves Le Maner ou les époux Breitman, recenser pour à la fois les qualités architecturales et les mutations urbaines et sociales de chaque cité.

Comment muter en respectant le patrimoine existant ? Comment réhabiliter les logements en respectant leurs identités propres mais aussi comment travailler sur chaque environnement, les écoles, les clôtures, la place de la voiture, le lien avec le reste de la ville, ainsi que la mobilité, pour conserver un patrimoine rare et le rendre plus vivant et agréable encore… ?

On stoppe alors les bulldozers et les démolitions programmées. Cinq « Cités Pilotes » sont identifiées, dont les Cités Lemay et Sainte-Marie de Pecquencourt, pour commencer ce travail lent et profond. Cinq cités qui ont vocation à montrer l’exemple et à étendre cette approche intégrée.

De cinq le projet passe à trente-cinq ! Et c’est à Pecquencourt que le Premier ministre vient lancer ce nouveau programme de l’Engagement pour le Renouveau du Bassin Minier (ERBM) en 2018. Tout un symbole !

Toutes différentes, toutes uniques !

Mais, au-delà de cette commune, c’est un patrimoine vivant qui s’offre aux visiteurs curieux : Somain et la Cité du Bois Brûlé, caractéristique des « corons » du Nord, cités minières dont l’architecture est directement inspirée des bâtiments ruraux d’avant la mine : on retrouve par exemple ce type d’habitat à la Cité des Électriciens de Bruay-la-Buissière, Masny et la Cité du Champ-Fleuri, construite dans les années 50 et très symbolique de l’architecture d’alors. Avant cette rénovation, elle était appelée par ses habitants « Champ Pourri » !

Cette expérience est sûrement unique en Europe et sans doute ailleurs dans le monde. Si, en Belgique ou en Allemagne, les maisons ont été vendues à des propriétaires privés, ici, ce sont les bailleurs sociaux qui en possèdent encore plus de 90 %, rendant possible ce travail qui mêle restauration et embellissement du bâti et travail d’aménagement urbain et paysager, partiellement alors à la charge des collectivités comme la Communauté de Communes de Cœur d’Ostrevent.

Ainsi les habitants des cités tout comme les visiteurs profitent-ils aujourd’hui de ce vaste programme de rénovation. Pour le confort et la vie quotidienne des premiers, pour la curiosité des seconds et préserver pour chacun un patrimoine unique dorénavant classé et de le proposer demain aux générations futures.

Suivez le guide !

Tout doucement, les habitants de ces cités voient arriver de petits groupes de touristes. Jamais des cars de 50 personnes ! Mais on a vu des « Greeters » guider des voyageurs de passage à travers allées et jardins. Avec toujours ce respect nécessaire et obligé. Plus de 20 % des maisons sont encore habitées par des héritiers de mineurs.

Depuis l’Office de Tourisme de Cœur d’Ostrevent, symboliquement installé au cœur d’une Cité minière dans un ancien centre de soins pour les mineurs et leurs familles, explore ces Cités. Les visites sont guidées, si vous le décidez, pour profiter des anecdotes et des histoires des guides éclairées. Ici, un détail d’architecture… Là, l’emplacement disparu du chevalement… Là encore, un sanatorium disparu ou une école pour les « galibots ».

Les plus curieux pousseront sûrement jusqu’au Centre Historique Minier de Lewarde, les plus courageux jusqu’au terril plat des Argales et les plus gourmands jusqu’à chez Pascal Tepper, Boulanger et Meilleur Ouvrier de France !

Fini le temps où les chaînes de télévision grand public cherchaient des corons noirs et caricaturaux ! Aujourd’hui, ce sont les chaînes comme Arte ou les magazines culturels qui explorent nos cités à la recherche de ces expériences atypiques et intimes pour montrer au monde toute la chaleur et le particularisme de ce patrimoine vivant.